Le soutien de Zinédine Zidane et Basile Boli au PSG avant la finale de la Ligue des Champions contre l’Inter Milan marque un moment symbolique pour le football français. Deux icônes marseillaises qui choisissent de mettre en avant la représentation nationale plutôt que la rivalité historique avec le club parisien.
En marge du Grand Prix de Monaco, Zidane a surpris certains en affirmant sur Canal+ qu’il allait soutenir le PSG : “Même moi, qui suis de Marseille… il faut que l’équipe française gagne.” Derrière ce sourire, c’est une réaction plus profonde qu’il faut lire. Le symbole est fort. L’homme au passé madrilène, qui n’a jamais porté les couleurs parisiennes, comprend néanmoins l’enjeu collectif que représente une victoire du PSG : hisser de nouveau le football français au sommet européen.
Son attachement à Marseille reste intact, et il aurait pu esquiver la question ou offrir une réponse polie. Mais il a choisi de défendre une idée plus grande que les rivalités de clocher : l’image du football français en Europe. À l’heure où la Premier League continue d’imposer son hégémonie économique et sportive, voir un club français en finale est déjà un événement. Le voir sacré serait une réponse éclatante, une démonstration de la vitalité du football hexagonal, souvent sous-estimé.
Pour beaucoup, Basile Boli est le visage de l’unique victoire française en Ligue des Champions. Son but de la tête en 1993 à Munich contre le grand Milan reste l’un des moments les plus puissants de l’histoire du foot en France. L’entendre aujourd’hui soutenir l’ennemi juré de son ancien club n’est donc pas anodin.
“Mon cœur est bleu et blanc, mais je soutiens le PSG”, a-t-il déclaré sur France Info. Une phrase qui résume bien cette tension entre fidélité émotionnelle et responsabilité nationale. Son geste, bien que rationnel, brave les dogmes traditionnels du supportérisme français, où la rivalité entre l’OM et le PSG est souvent perçue comme insurmontable. Boli préfère s’inscrire dans une logique de solidarité sportive nationale et appelle à dépasser les frontières internes pour le bien du football tricolore.
Ce soutien de deux figures liées à l’OM reflète autant la complexité des passions du football que son évolution. Il y a vingt ans, il aurait été presque impensable que Zidane ou Boli expriment publiquement un tel appui. Cela montre que dans une époque où les clubs sont surtout vus comme des marques mondialisées, défendre les couleurs d’un club français, même rival, c’est aussi défendre un savoir-faire, une école, et une culture footballistique.
En soutenant le PSG, ils envoient également un message aux sceptiques : cette équipe, malgré ses moyens financiers hors norme, porte un projet sportif qui va au-delà des paillettes. Le voir couronné serait aussi récompenser des années d’efforts pour crédibiliser le projet QSI, maintenir un haut niveau de performances et inspirer les futures générations de joueurs français.
À titre personnel, je trouve ces déclarations intelligentes et nécessaires. Car elles rappellent qu’au-delà des tactiques, du jeu de position ou des analyses statistiques, le football est un langage universel, capable de rassembler quand il le faut. À une époque où le PSG divise en raison de son modèle économique et de son positionnement, cela fait du bien de voir de véritables légendes du terrain rappeler que la victoire d’un club français est aussi une victoire collective.
D’un point de vue tactique, voir le PSG affronter l’Inter Milan, c’est aussi une promesse de football contrasté : la verticalité et la vivacité parisiennes face à l’intensité structurée et le bloc bas italien. Une victoire serait donc autant une réussite sur le plan national que sur le plan du jeu. Et dans un football moderne souvent réduit à des chiffres, voir Zidane et Boli parler avec le cœur, ça garde vivant l’essence du sport.