Un projet de loi adopté par le Sénat français redéfinit la redistribution des revenus télévisés dans le football professionnel. L’objectif annoncé est de réduire les inégalités financières entre les clubs les plus fortunés et les autres. Cette initiative soulève toutefois des réactions vives du côté des écuries les plus influentes de Ligue 1.
Le texte veut injecter plus de ressources chez les clubs de Ligue 2 et ceux de la deuxième moitié de Ligue 1, sans pour autant renverser la hiérarchie. Le Paris Saint-Germain, locomotive économique du football français, conserverait la part majoritaire des droits télé. Ce choix de redistribution progressive témoigne d’une ambition mesurée : éviter la rupture, tout en resserrant l’écart qui sépare les grands budgets des plus modestes.
Ce sont donc les clubs de taille intermédiaire qui seraient les principaux bénéficiaires. Une manière de soutenir la compétitivité globale du championnat, à l’heure où les déséquilibres menacent son attractivité à moyen terme. Mais dans une économie du football déjà fragile, la moindre variation des revenus provoque des crispations puissantes.
La contestation est vive du côté des clubs de tête. Plusieurs d’entre eux ont proposé des amendements de dernière minute pour faire barrage à la réforme, sans succès. Certains dirigeants vont jusqu’à viser directement Philippe Diallo, qu’ils accusent d’avoir piloté le projet par des canaux politiques parallèles. Si l’accusation reste à prouver, elle révèle un malaise structurel : l’élite se sent de moins en moins représentée par les organes nationaux.
Ce conflit n’est pas technique, il est fondamentalement politique. Les clubs dominants craignent une perte d’autonomie financière et d’influence. À leurs yeux, la réforme menace leur compétitivité européenne. En parallèle, les petits clubs appellent à une solidarité plus cohérente dans un modèle économique qui, sans redistribution, conduit inévitablement à l’isolement et à la relégation.
La démarche du Sénat m’apparaît sensée, car un championnat déséquilibré n’élève personne, pas même ses leaders. Réduire les fractures, c’est offrir à davantage de clubs la possibilité de construire un projet cohérent, compétitif et durable. La France ne sera compétitive en Europe que si sa base est solide.