Luís Castro, l’entraîneur qui a conduit Dunkerque à une saison remarquable en Ligue 2, semble aujourd’hui prêt à franchir une nouvelle étape. Refusant un banc européen prestigieux comme celui du Shakhtar Donetsk, le technicien portugais lorgne désormais sur un poste plus stratégique dans l’Hexagone, du côté du RC Lens.
Le Shakhtar Donetsk ne manque ni d’histoire ni d’ambition. Pourtant, malgré la perspective de disputer la Ligue des champions et de diriger une institution régulièrement européenne, Luís Castro a dit non. Ce refus en dit long sur les intentions du technicien, qui semblait davantage rechercher une stabilité sportive et humaine qu’un simple challenge exotique. Le contexte géopolitique en Ukraine, combiné à la forte incertitude du projet à long terme, n’a probablement pas aidé à infléchir sa décision.
Finalement, c’est Arda Turan qui a été désigné comme successeur de Marino Pusic, laissant entrevoir que le club ukrainien cherchait un profil à la fois formateur et adaptable. Castro coche ces cases, ce qui rend son refus encore plus significatif. L’idée de poursuivre son ascension dans le football français, avec un projet structuré comme celui du RC Lens, semble l’emporter.
Dunkerque n’était pas programmée pour jouer la montée. Et pourtant, grâce à un travail tactique méticuleux, Luís Castro a su transformer un effectif modeste en une formation cohérente et dangereuse, capable de rivaliser avec les meilleurs de Ligue 2. L’accession aux barrages représentait déjà un exploit, mais l’élimination cruelle face au FC Metz dans les dernières minutes a mis fin à ce rêve d’accession.
Sur le plan du jeu, son équipe a brillé par sa solidité défensive et sa capacité à faire déjouer ses adversaires. Castro a notamment instauré une organisation hybride, naviguant entre un 4-3-3 et un 3-4-2-1, qui a permis à Dunkerque de contenir les meilleures attaques du championnat. Cette approche technique et pragmatique a attiré l’attention, y compris au niveau supérieur.
Le départ de Will Still vers Southampton a ouvert une brèche dans le projet lensois. Après plusieurs saisons solides, ponctuées par une qualification européenne, le club artésien doit tourner une page sans perdre son identité de jeu. Le profil de Luís Castro correspond parfaitement à cette exigence : un entraîneur adepte du jeu vertical, soucieux des lignes de passes et du pressing synchronisé.
Ses représentants sont déjà en contact avec Jean-Louis Leca, nommé récemment directeur sportif, preuve que les discussions sont concrètes. Pour un club comme Lens, qui aime construire sur la durée et maintenir une cohérence tactique, Castro offre une transition douce, mais exigeante. Nombreux sont les entraîneurs qui échouent à imposer leur patte en Ligue 1, mais Castelo, en connaissance du championnat, aurait une longueur d’avance.
Bien que Castro soit sérieux candidat, d’autres noms restent en lice. Pierre Sage, que beaucoup reconnaissent pour son travail remarquable en fin de saison avec Lyon, figure également parmi les options. Il a démontré une capacité rare à réorganiser une équipe en crise et à relancer un collectif moribond. Le choix de Leca sera donc déterminant pour l’avenir tactique de Lens.
Chacun des profils offre une approche différente : là où Sage incarne le renouveau lyonnais basé sur la possession et le dynamisme, Castro propose davantage de rigueur tactique et de souplesse défensive. Le niveau des prétendants montre que Lens prend son avenir au sérieux et vise à rester une place forte du football français.
À mes yeux, Luís Castro représente l’un des meilleurs entraîneurs de Ligue 2 cette saison. Sa capacité à optimiser les ressources à sa disposition, combinée à un sens du détail tactique impressionnant, montre qu’il a toutes les qualités pour réussir en Ligue 1. Il ne cherche pas à révolutionner le jeu, mais à en sublimer les fondements : l’espace, le rythme et le sacrifice collectif.
Ce qui me plaît particulièrement, c’est que Castro privilégie avant tout le comportement de son équipe sur le terrain à l’image. Ses équipes ne sont pas spectaculaires au sens traditionnel, mais elles dégagent une intelligence rare dans l’utilisation du ballon et dans la gestion des temps faibles. Face à un club comme Lens, qui possède une base de supporters exigeants mais passionnés, ce type de profil peut créer une alchimie idéale entre performance et passion.
Contrairement à certains entraîneurs très médiatisés, Castro me semble être un homme de projet et non un homme d’opportunité. Et c’est précisément ce dont Lens a besoin pour continuer sa croissance structurée sur un modèle durable.