Le football féminin européen a connu une saison 2024-2025 riche en émotions, couronnée par une victoire inattendue d’Arsenal en Ligue des champions. Tandis que Barcelone échoue en finale, les performances individuelles et collectives sont célébrées dans le onze de la saison.
Une finale de Ligue des champions reste le summum du football de clubs, et celle-ci a pris tout le monde à contre-pied. Victime d’un contre-parfait orchestré par Arsenal, Barcelone, tenante du titre depuis deux saisons, a cédé 1-0 à Bilbao. Le but de Stina Blackstenius, malgré la domination catalane, a mis fin à une série exceptionnelle de victoires en phase finale. Toutefois, juger Barcelone uniquement sur cette rencontre serait passer à côté d’un exercice collectivement quasi-irréprochable.
Condamner cette équipe après une seule défaite serait manquer de lecture tactique et de recul : le jeu de position catalan a étouffé la majorité de ses adversaires sur toute la saison, et leur place majoritaire tient autant de la reconnaissance que d’une logique indiscutable sur 10 mois de compétition.
Sans surprise, plusieurs piliers de Barcelone composent l’équipe-type. Parmi elles figure Aitana Bonmatí, déjà lauréate du Ballon d’Or et de The Best, qui continue de montrer qu’elle est la métronome absolue du jeu catalan. Son volume, son pressing offensif et sa science du tempo en font une référence mondiale au poste de numéro 8.
Aux côtés de Bonmatí, on retrouve des figures indiscutables :
Ces noms traduisent la constance derrière le succès. Le collectif barcelonais, malgré la désillusion en finale, a produit le jeu le plus équilibré et dense de la saison.
Parmi les surprises et confirmations de cette sélection, la présence de Millie Bright (Chelsea) apporte une nuance anglaise bienvenue. Revenue d’une grave blessure au genou avant la Coupe du monde 2023, la centrale anglaise a rapidement retrouvé son niveau. Sa qualité d’anticipation, sa rigueur dans le duel et son sens du placement font d’elle une référence continentale.
Son intégration dans ce onze est une juste récompense pour sa contribution à la saison de Chelsea, victorieuse en championnat malgré une rude concurrence. Elle incarne parfaitement le football rugueux mais discipliné prôné par Emma Hayes. Sa sélection témoigne aussi de l’équilibre recherché dans ce XI : du style, mais aussi de la robustesse.
La victoire finale d’Arsenal vient couronner un travail de plusieurs années sous la houlette de Jonas Eidevall. Cette équipe s’est progressivement construite autour de profils associant vitesse de projection, intensité technique et une rigueur collective retrouvée. Blackstenius, par son but décisif, entre dans l’histoire du club, seize ans après le dernier titre européen glané.
Il ne faut pas sous-estimer l’impact de joueuses comme Katie McCabe, Lia Wälti ou Frida Maanum qui, sans éclat individuel massif, ont largement contribué à cette montée vers les sommets. Leur absence du onze peut interroger, mais elle s’explique par une reconnaissance sur l’ensemble de la saison où Arsenal a eu des phases moins constantes que Barcelone.
La composition fait globalement du sens, et si l’on juge sur la saison dans son entièreté, la surreprésentation du Barça me semble totalement justifiée. Leur capacité à dominer sans détours, à imposer leur tempo même à l’extérieur, reste exceptionnelle. Cela dit, intégrer davantage d’Arsenal aurait été un message fort envers les performances décisives du sprint final.
J’aurais aussi aimé voir plus de représentantes d’autres championnats, notamment de la Frauen-Bundesliga, où des joueuses comme Lena Oberdorf ont été immenses dans l’ombre médiatique. Le football féminin tend encore à trop valoriser les joueurs des très grands clubs au détriment de perles moins exposées.
Tactiquement, l’explosion d’équipes en transition rapide comme Arsenal montre une évolution dans le football féminin : plus vertical, plus imprévisible. Il faudra voir si cette approche, plus réactive que la possession stérile parfois reprochée au Barça, s’impose à l’avenir.