Le RC Lens change de cap. Après une saison marquée par une qualification historique en Ligue des Champions mais également par un endettement conséquent, le club nordiste revient à ses fondamentaux. Une décision dictée autant par la réalité économique que par les limites structurelles du club.
Alors que les recrutements de Wahi ou Diouf pour plusieurs dizaines de millions n’ont pas offert le rendement attendu, Lens opère un virage stratégique. Jean-Louis Leca, récemment intronisé directeur sportif, entend privilégier des profils modestes mais prometteurs. L’ère des paris coûteux est révolue, place à l’intelligence de recrutement, celle qui a permis au club de briller avec des joueurs identifiés en Ligue 2 ou dans des championnats secondaires.
Les exemples abondent : Clauss, Badé ou encore Fofana sont devenus des références sous le maillot sang et or, sans avoir coûté une fortune. Un recrutement humilité-efficacité qui colle avec le terrain, où l’équipe de Franck Haise a souvent su imposer une identité de jeu claire et dynamique.
Ce retour au réalisme n’est pas un choix purement sportif. Avec le retrait prématuré de DAZN et l’instabilité des droits télévisés, la LFP est en situation de fragilité. Comme d’autres clubs français, Lens doit composer avec un horizon incertain, où l’apparition d’une chaîne 100 % LFP ne fait pas oublier la chute drastique des revenus audiovisuels.
Dans ce contexte, maintenir un projet viable impose de renoncer aux folies estivales. Le modèle des transferts maîtrisés entre 3 et 5 millions, illustré par Danso et Medina, redevient la norme. Plus que jamais, la cellule de recrutement devra anticiper, dénicher, développer. Et surtout, rester fidèle à ce qui a bâti l’identité moderne du RC Lens : travail, cohérence et sobriété.
La voie prise par Lens me semble à la fois logique et salutaire. Le football français ne peut plus se permettre l’illusion de grandeur artificielle. Si le club reste fidèle à sa philosophie de jeu, couplée à une stratégie de recrutement fine, il peut redevenir compétitif sans trahir son essence. Le beau jeu est souvent une affaire de justesse plus que de dépense.