Le Pisa SC a retrouvé la Serie A après 34 ans d’absence grâce à un Filippo Inzaghi méticuleux et revitalisé. L’ancien buteur légendaire du Milan AC a démontré cette saison une vraie rigueur tactique et un sens du détail lui permettant de bâtir un collectif cohérent, efficace et conquérant.
Filippo Inzaghi a **construit son succès** autour d’un système tactique qu’il n’a pratiquement jamais remis en cause cette saison : le 3-4-2-1. Ce schéma, qui repose sur deux lignes compactes et bien organisées, a permis à son équipe de contrôler les espaces, de sécuriser l’axe du terrain et de libérer les couloirs pour les pistons. La densité axiale offre à l’équipe une solidité défensive précieuse, tout en permettant des transitions rapides dès la récupération.
Cet équilibre repose aussi sur un casting malin : Pisa ne disposait pas d’ailliers de percussion typiques, mais de nombreux milieux créateurs et attaquants mobiles. Cela a offert à Inzaghi l’opportunité de positionner dans les deux postes de milieu offensif avancé des joueurs capables d’alterner entre jeu combiné, dribbles et frappes à mi-distance. Le poste d’avant-centre est quant à lui occupé par un profil plus axial, capable de fixer la ligne défensive, de jouer en pivot mais aussi de participer au pressing sans ballon.
Avec une moyenne de 1,63 but par match, Pisa n’a pas seulement séduit par son pragmatisme mais aussi par son efficacité. Sans chercher à dominer stérilement la possession, l’équipe a misé sur des attaques verticales, souvent initiées par des récupérations hautes ou des transitions rapides après une phase défensive structurée. Le pressing haut, organisé par les offensifs comme Mattéo Tramoni, Alexander Lind ou Henrik Meister, a été un élément stratégique clé pour provoquer des erreurs chez l’adversaire.
Les phases offensives mettaient en valeur :
Ce projet de jeu, aussi exigeant physiquement que tactiquement, a permis à Pisa de maintenir une constance impressionnante sur l’ensemble de la saison.
Autre facette de la réussite d’Inzaghi : l’attention portée à la stratégie sur coups de pied arrêtés. L’équipe a marqué une part importante de ses buts dans ces phases statiques, notamment grâce à des combinaisons variées, des courses bien coordonnées et une présence physique intelligente dans la surface. Idrissa Touré, avec son profil hybride entre milieu et stoppeur, a été décisif, aussi bien dans les duels aériens que sur les secondes balles.
L’utilisation fréquente de schémas différenciés, combinée à une exécution précise des phases arrêtées, a souvent permis à Pisa de prendre l’avantage dans des matchs tendus, où le jeu en transition ne suffisait pas à faire la différence.
Touré, au-delà de ses buts sur corner ou coup franc indirect, est également intervenu par ses frappes à l’extérieur de la surface. Ce modèle d’efficacité rappelle les recettes de certaines équipes italiennes historiques : chaque détail compte, chaque séquence fixe peut décider d’un match.
La montée en Serie A amène naturellement une intensité et une rigueur adverses plus élevées. Pisa devra adapter son approche pour faire face à des équipes bien mieux préparées tactiquement et disposant d’individualités bien supérieures. Dans cette optique, Inzaghi devra :
L’une des clefs résidera dans la capacité à conserver certains automatismes tout en intégrant des variantes tactiques ciblées. Les coups de pied arrêtés, par exemple, ne devront pas devenir une spécialité unique sinon, les marqueurs adverses y consacreront une préparation spécifique.
Ce que Filippo Inzaghi a réalisé à Pisa est pour moi un modèle de pragmatisme intelligent. Il n’a pas cherché à imposer un style dogmatique, mais a bâti autour des qualités réelles de son effectif. Son choix du 3-4-2-1 n’est pas anecdotique : c’est un système de contrôle par les espaces, qui maximise les profils créatifs disponibles et minimise les passages défensifs à découvert. Contrairement à ses précédentes aventures, souvent brouillonnes ou mal adaptées à la réalité du groupe, cette saison à Pisa révèle un Inzaghi bien plus mûr tactiquement.
Ce projet rappelle qu’une promotion ne repose pas seulement sur l’envie ou l’émotion, mais sur la capacité à répondre à chaque match par une lecture pertinente du contexte. J’espère que Pisa, en conservant cette rigueur, pourra devenir une équipe difficile à manœuvrer dès sa première année dans l’élite. Le football italien a besoin de projets tactiques clairs et exigeants comme celui-ci, surtout à l’heure où tant de clubs de deuxième zone naviguent à vue.