Les expected goals (xG) ont révolutionné l’analyse des performances offensives en football moderne. Mais leur pendant défensif, les xG concédés, est tout aussi révélateur pour comprendre la solidité d’une équipe. Ces valeurs, combinées aux buts effectivement encaissés, offrent un regard nouveau sur l’efficacité défensive, la performance des gardiens et les structures tactiques en place.
Les xG concédés correspondent à la somme des probabilités de marquer des adversaires lors des tirs subis. Chaque tentative est évaluée selon des critères précis : distance du but, angle, type d’occasion (jeu ouvert, penalty, contre-attaque…), ou encore la partie du corps utilisée. En somme, c’est une mesure de la qualité des situations offertes à l’adversaire.
Un total élevé de xG concédés indique que l’équipe offre trop de situations de tir dangereuses. À l’inverse, une équipe affichant un faible xG concédé limite efficacement les incursions adverses dans des zones à haut risque. C’est un révélateur de la capacité à couper les circuits de passes, à défendre en zone ou en pressing, et à contrôler les espaces critiques du terrain.
La comparaison entre xG concédés et buts réellement encaissés offre plusieurs scénarios d’interprétation. Lorsqu’une équipe encaisse moins de buts que prévu par les xG, c’est le signe d’une surperformance défensive. Cela peut s’expliquer par :
En revanche, une équipe qui encaisse plus de buts qu’attendu trahit souvent une faiblesse. Cela peut être imputable à :
Enfin, lorsqu’il y a équilibre entre les deux indicateurs, l’équipe paraît défensivement stable. Elle concède ce que sa structure permet, sans excès dans un sens ou dans l’autre.
La donnée la plus fine fournie par ce croisement est sans doute celle des buts évités par les gardiens. Si un portier encaisse largement moins que le total de xG attendus sur les tirs dirigés vers lui, il est clairement décisif. Il lit bien les angles, se positionne correctement et effectue des arrêts de grande qualité.
Au cours d’une saison, cette dimension permet d’aller au-delà des simples “clean sheets”. Un gardien ayant peu d’arrêts à faire n’est pas forcément plus fort qu’un autre constamment sollicité. Les xG concédés subis à travers les tirs cadrés offrent un prisme plus précis et moins biaisé pour mesurer leur véritable impact.
D’un point de vue tactique, la donnée des xG concédés offre un regard beaucoup plus nuancé sur l’animation défensive d’un collectif. Une défense qui concède globalement peu d’occasions ou qui force l’adversaire à tirer de positions compliquées est bien structurée.
Cependant, quand les xG concédés restent élevés mais que l’équipe n’encaisse que peu, cela peut masquer de futures failles. Ce type de situation repose généralement :
Les entraîneurs sont de plus en plus nombreux à s’intéresser à cet indicateur pour ajuster leur pressing, leur compacité et même leur hauteur de ligne. C’est un outil d’anticipation bien plus qu’un simple constat.
Prenons deux cas pratiques sur une période de dix matchs. L’équipe A affiche 12.0 xG concédés, mais seulement 9 buts encaissés. Cette équipe bénéficie sans doute d’un gardien en forme ou d’une défense capable de gêner les tirs jusqu’au dernier moment. Elle surperforme, mais jusqu’à quand ?
À l’inverse, l’équipe B affiche 8.0 xG concédés mais a encaissé 12 buts. Un tel écart est souvent le signe :
Ces écarts doivent alerter les staffs techniques, car ils permettent de prévoir une évolution dans un sens ou dans l’autre selon que la forme individuelle tienne ou s’effrite.
À mes yeux, l’intégration des xG concédés dans l’analyse tactique redonne de la valeur à la défense collective, trop souvent survolée par les chiffres bruts des buts encaissés. On comprend alors que concéder peu d’occasions franches relève moins de la chance que d’une structure bien huilée, d’un pressing cohérent et surtout d’une excellente communication entre les lignes.
En revanche, vouloir lire l’efficience défensive uniquement via les xG sans tenir compte du contexte, c’est le travers inverse. Une équipe en bloc bas concède peut-être moins de xG… mais laisse le ballon 70 % du temps à l’adversaire. Les données ne remplacent pas l’analyse vidéo et le regard tactique sur l’organisation, les couvertures, les compensations.
Un bon analyste sait faire parler ces chiffres comme des indicateurs de tendance, mais le vrai football se joue dans les détails invisibles des décrochages, des retours en sprint ou des comportements sans ballon. C’est là que se cache la vraie magie défensive, et non dans une simple soustraction entre xG et buts encaissés.