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Arsenal en crise d’authenticité et de crédibilité footballistique ? Arteta est-il encore l’homme de la situation
Depuis plusieurs mois, Mikel Arteta est au centre d’un débat animé du côté d’Arsenal. Si son projet continue de structurer un club longtemps en perte de repères après Arsène Wenger, certains fans et observateurs dénoncent un manque d’authenticité, de résultats concrets et une forme d’immaturité sur la scène européenne et nationale.
Les critiques touchent autant le fond que la forme
Malgré une nette progression depuis sa nomination en 2019, Arteta peine à faire taire les voix discordantes. Pour certains supporters, le projet Arsenal s’apparente à une construction artificielle, où l’esthétique prime parfois sur le contenu réel. Le coach espagnol, pourtant adulé par une partie de la base fan, fait l’objet de critiques persistantes sur sa communication, jugée calculée, voire forcée, et sur le ton de “spectacle” que prend l’atmosphère autour du club.
L’hymne « North London Forever » est régulièrement cité comme l’exemple d’un décor mis en scène pour compenser le manque d’identité naturelle. Une sensation renforcée par l’ambiance parfois terne à l’Emirates Stadium, surtout comparée à celle des grandes soirées européennes d’Anfield. Ce ressenti s’accentue à la suite de la défaite cruelle contre le PSG, qui a ravivé les comparaisons peu flatteuses avec les clubs au pedigree continental plus affirmé.
Un entraîneur jugé tactiquement solide mais limité au sommet
Mikel Arteta, ancien assistant de Guardiola à Manchester City, est salué pour ses qualités tactiques défensives et pour avoir solidifié une équipe en grande difficulté à son arrivée. Sous sa direction, Arsenal est devenu l’une des meilleures défenses de Premier League, avec une maîtrise collective impressionnante dans le pressing et la relance construite depuis l’arrière.
Cependant, à l’image de certains anciens comme Rafael Benítez, il semblerait qu’Arteta atteigne un plafond dans les matchs à enjeux, notamment ceux à élimination directe en Ligue des champions. Il est reproché à Arsenal sous sa direction un manque de tranchant décisif dans les grands rendez-vous, et une incapacité à traduire sa qualité structurelle en trophées majeurs. Un reproche d’autant plus fort que le club a déboursé environ 700 millions de livres sterling depuis son arrivée et n’affiche d’un point de vue statistique qu’une FA Cup remportée en 2020.
Des progrès indéniables depuis l’ère Wenger
Si les critiques abondent, elles ne doivent pas occulter les avancées réalisées depuis la fin de l’ère Wenger. Arteta a redonné à Arsenal une identité tactique claire, relancé la formation en s’appuyant sur des jeunes comme Bukayo Saka ou William Saliba, et replacé le club dans le haut du tableau en championnat. Après des années à errer autour de la cinquième ou sixième place, le club se bat à nouveau pour le titre de champion d’Angleterre.
Il a également permis au club de rejoindre le dernier carré de la Ligue des champions, une performance symbolique pour une génération qui n’avait plus connu le printemps européen depuis le départ de Wenger. Ces résultats représentent une courbe de progression relativement cohérente que certaines voix défendent, appelant à plus de patience et moins de jugement à l’emporte-pièce.
Une pression montante dans les hautes sphères
Malgré cette reconstruction, la situation d’Arteta reste sous surveillance. Le board, représenté notamment par la famille Kroenke, commence à faire sentir une forme de lassitude. Certains estiment que l’exercice 2024-2025 pourrait être décisif : sans trophée majeur, l’Espagnol pourrait voir sa position se fragiliser.
Avec un effectif très compétitif et une dynamique de croissance, Arsenal n’a plus les excuses d’un projet en transition. Ce changement de perception impose une pression sportive et économique complètement différente. Le club ne pourra pas éternellement valoriser son “projet attractif” sans résultats concrets.
Appel à la nuance d’une partie du public
Dans ce concert de critiques, certains supporters plus modérés plaident pour une analyse plus équilibrée du travail accompli par Arteta. Ils rappellent que dans un championnat où City écrase tout avec des moyens hors normes, la progression d’Arsenal reste admirable. Le club joue mieux, gagne davantage et attire des joueurs de classe internationale.
Ce discours souligne également que les titres dans le football moderne sont souvent à la marge une suspension, une blessure ou un penalty raté peuvent faire basculer le destin d’une saison. Ainsi, condamner trop vite un manager qui a réinstallé Arsenal parmi les puissances européennes trahit une forme d’impatience chronique qui mine le football contemporain.
Mon avis
J’ai tendance à penser que Mikel Arteta est un entraîneur profondément compétent dont la rigueur tactique et la capacité à structurer une équipe sont indiscutables. Ce qu’il a fait d’Arsenal en cinq ans – métamorphoser le club défensivement, injecter une culture du pressing coordonnées, valoriser les jeunes est tout simplement remarquable. Mais il est vrai qu’il lui manque l’étincelle qui transforme les bonnes saisons en légendes.
Ce qui peut lui manquer, dans une logique purement compétitive, c’est soit un instinct plus meurtrier dans le money time, soit un soupçon de chaos créatif en attaque. Tout est parfois trop maîtrisé, trop programmé à l’image de ses célébrations exubérantes qui semblent aussi millimétrées qu’un modèle d’attaque placée. Le football est aussi une histoire d’émotion – et Arsenal, sous Arteta, donne encore le sentiment qu’un narratif fort manque pour provoquer l’imprévisible.
Mais je nuancerais aussi les critiques. Parce qu’il faut du temps et une vision claire pour bâtir quelque chose de cohérent et durable. Arsenal évolue avec ambition, constance et élégance. C’est déjà beaucoup. Remporter le titre serait la récompense logique d’un processus que je trouve, fondamentalement, fascinant à observer.